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Tract de Carême


 

Le carême : 40 jours, un Exode vers Pâques…

 

Puissent ces quelques lignes nous aider à vivre un saint carême ! Bonne route !

 1 – Histoire sainte

Pour Israël déjà.. Le carême est un Exode, comme celui d’Israël, un chemin de libération, un pèlerinage pénitentiel. C’est un pèlerinage qui va de la prison à la liberté, du désert à la terre promise, du péché à la sainteté…

Israël est aussi passé par là : Esclave, le peuple travaille pour Pharaon, dominé par les païens.  Pour parvenir en Terre promise, le peuple doit passer par le désert pour y faire une expérience.

Quelle expérience y fit-il ? Au désert, Israël a été purifié par les épreuves, Israël a surtout fait une expérience nouvelle de Dieu.

Le peuple élu a été guidé par Dieu lui-même sur cette route (colonne de nuée) ; au Sinaï, ils ont reçu les tables de l’Alliance, ils ont appris a faire confiance en Dieu, à l’aimer, il sont fait tout simplement l’expérience du salut.

Mais dans le désert, certains se sont endurcis ; ils ont mis Dieu à l’épreuve, ont demandé des signes et beaucoup sont morts dans le désert. Ce temps du carême est donc aussi un temps de combat.

 

2- Entrer dans l’histoire sainte

 Chrétiens : – En bons soldats du Christ, entrons dans le combat. Comment y entrer ? Par la force, livrés à nos forces ? Seuls ?

Si c’est la cas, alors tremblons. Comment faire, s’en sortir ?

Grâce : Si nous pensons uniquement en termes de combat, de pénitence, nous sommes dans l’erreur, dans le paganisme. Notre religion est la religion de la grâce, de l’amour, du salut. Nous sommes aimés de Dieu, il vient lui-même nous sauver, il prend sur lui notre condamnation…

Jésus aussi passa par le désert, puis monta vers Jérusalem, y livra sa vie pour nous sauver et ressuscita. Alors, regardons-le agir, combattre, aimer, nous sauver. « Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu » dit une des deux antiennes du carême. Ce serait un grave erreur de perspective que de se regarder soi-même durant le carême : ce que je mange ou pas, ce que je fais, etc…

 

3- La révélation de l’amour.

La Parole de Dieu vient nous parler de tout ce que Jésus a fait, offert, subi, porté pour nous, pour moi. Alors, écoutons avec amour ces paroles qui nous disent cet immense amour de Dieu pour nous. Déchiffrons dans les gestes de Jésus le langage de l’amour réel, vrai.

Benoît XVI : « En ce temps de pénitence et de prière, le Christ crucifié nous a révélé pleinement l’amour de Dieu. »

Question : S’il fait tout, pourquoi jeûner nous aussi, et pourquoi faire pénitence, nous mortifier ?

Agapè et Eros : L’amour de Dieu est à la fois agapè et éros. Comme « éros » divin, il attend notre « oui » en retour ». Comme un jeune marié le « oui » de sa promise. Mais Adam et nous, à sa suite, nous sommes éloignés de la Source qu’est Dieu lui-même. L’homme a préféré dire « non » à Dieu, provoquant ainsi Dieu à nous sauver, « à nous manifester son amour dans toute sa force rédemptrice ».

En Jésus, nous contemplons à la fois le don désintéressé de soi et le désir passionné de réciprocité, qui nous dit « j’ai soif » sur la Croix.

Alors, pour aimer en retour celui qui nous a tant aimés, « Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu. »

 

4- Rendre amour pour amour.

Soyons concrets : Pour aimer Jésus en retour, quels moyens, quelles armes l’Eglise nous propose-t-elle ?

Prière : pas de narcissisme spirituel ! Que vais-je faire, ne plus faire, manger, ne pas manger ? Prions, regardons Jésus, aimons Jésus. Passons du temps avec lui, pour lui…

Certaines façons de faire sont à re-découvrir. Chapelet, sacrement de réconciliation, liturgies de la semaine sainte…

Surtout, le Chemin de Croix, et méditer la Passion : « le fruit de la méditation de la passion » est une conversion, un « changement de cœur ». Le point de départ de la conversion est, pour l’Ecriture « celui de la dureté de cœur », du « cœur de pierre », c’est-à-dire « le refus de se soumettre à Dieu, de l’aimer de tout son cœur, d’obéir à sa loi », et le point d’arrivée de la conversion, l’image « du cœur contrit, blessé, déchiré, circoncis, du cœur de chair, du cœur nouveau ».

Sainte Thérèse d’Avila a un jour découvert une statue qui venait d’être déposée dans l’oratoire : « Elle représentait notre Seigneur recouvert de plaies, tellement vraie, que lorsque je la vis je fus bouleversée car elle représentait combien il avait souffert pour nous, raconte sainte Thérèse : j’éprouvai une telle douleur à la pensée de l’ingratitude avec laquelle je répondais à ces plaies, que mon cœur s’est comme brisé ».

Jeûne : Il nous apprend à nous détacher du superflu et même du nécessaire, il « humilie notre âme » (Lv 16, 29). Cette prière du corps rappelle notre pauvreté, elle nous tourne vers le Seigneur dans une attitude de dépendance et d’abandon. Ce renoncement et cette offrande à Dieu sont une arme puissante, contre les tentations par exemple. “bouclier contre le démon; il est nécessaire, après le baptême de s’appliquer non à l’intempérance mais au jeûne.” St Jean Chrysostome.

«Il n’y a pas de sainteté sans renoncement et sans combat spirituel. Le progrès spirituel implique l’ascèse et la mortification qui conduisent graduellement à vivre dans la paix et la joie des Béatitudes.» (CEC 2015).

Cendres et Vendredi saint, conseillé le samedi saint : Peu le matin et le soir, rien à midi (ou le soir) ou pain et eau, ou bol de riz à défaut.

Aumône : Les actes de charité donnent la mesure de la réalité de notre foi. “Si la foi n’a pas d’œuvres, elle est bel et bien morte”. Jc 2, 17. Qu’est-ce que l’aumône ?

1- L’aumône est un geste de bonté pour un frère, un pauvre, et envers le Christ, si nous le reconnaissons en ceux à qui nous faisons l’aumône.

2- mais l’aumône est d’abord une imitation des gestes de Dieu qui, le premier, a fait preuve de bonté envers l’homme. Faite avec un cœur pur et humble, l’aumône nous fait ressembler à Dieu, à cause de cela, «elle couvre une multitude de péchés.» (1 P 4, 8). À l’opposé nous dit saint Jean,  comment l’amour de Dieu demeurerait-il en celui qui ferme ses entrailles devant son frère nécessiteux ?  (1 Jn 3, 17).

Prière, Jeûne, aumône: tous trois sont, non pas une liste de choses à faire ou à ne pas faire, mais autant de moyens de nous rapprocher de Dieu. Donc, le faire avec amour.

Mortification : est-elle vraiment nécessaire ? Le P. Cantalamessa, prédicateur du pape insiste sur ce point. Elle permet de ressembler à Jésus. Pour vivre selon l’Esprit, mortifiez la chair. Chair ici symbole du vieil homme, égoïste. Paul (Rm 8, 13) : Car si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez. Elle permet le passage de l’homme ancien à l’homme nouveau ; elle est la participation du corps au combat spirituel.

St Jean de la Croix explique : ces moyens redonnent paix et ordre à nos vies, qui dominées par le péché originel, sont dominées par des forces mauvaises, indépendantes.

 

5- Et moi ?

Comment faire ? Chacun, selon notre histoire, les fautes personnelles commises, ce péché originel s’exprime de telle ou telle façon. Pour être efficace, notre carême, nos mortifications devront être adaptés à chacun.

Pour y voir clair, prier, humblement, en toute vérité. Que veux-tu de moi, comment puis-je te plaire ? Que dois-je changer ?

(Et non pas : je vais en profiter pour maigrir, pour arrêter de fumer.) Si vous ne trouvez pas, demandez-vous quelles remarques vous font ceux qui vivent avec vous : famille, amis, équipiers…

Tout effort que je ferai, le faire par amour. Sinon inutile et même mauvais, devient vite de l’orgueil.

Petits sacrifices, cachés. « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret ! »  répète l’évangile du mercredi des Cendres. Il l’apprécie, tu ressembles à Jésus. Efforce-toi de rendre à Jésus amour pour amour.

 

Père Vincent Bedon